Un dîner chez des amis. Chacun conte son actualité dans le brouhaha. Moi, jamais à l’aise en société, dans un coin, je mange quelques gâteaux, guettant ma montre. Un homme, grand sourire, yeux pétillants, s’approche, me demande. – Que faites-vous quand vous ne vous ennuyez pas ? – Je suis au montage de mon dernier film. – Avez-vous un musicien ? – Non, pourquoi ? – Je suis compositeur. Il voit une projection du film en copie-travail. C’est un film au moyen modeste. J’ai emprunté de l’argent à la banque du coin sous prétexte de refaire ma salle de bain. J’ai convoqué le talent de mes copains acteurs : Françoise Arnoul, Michel Duchaussoy, Bernard Menez, Jean-Marc Thibault. J’ai réuni des amis techniciens.

Trois semaines de tournage. Résultat un film sympa, d’auteur. Il aime. Il crée. On enregistre au studio Guillaume-Tell avec l’Orchestre Symphonique d’Europe, quarante musiciens. Bernard Gérard, orchestrateur, dirige. Deux hommes assis dans des fauteuils écoutent : les oreilles. Charles Aznavour, producteur, passe.

Des pointures se succèdent devant les micros. Monsieur « Yéyé » est arrivé, a glissé sa musique sur les images. Tout a changé. La mélodie souligne le lyrisme, la poésie, le charme. Il manquait un révélateur, un brin de génie. Garvarentz, avec sa sensibilité, l’avait découvert, senti. Avec sa partition il le dévoile, le souligne, l’explose. « Voir l’éléphant » est mon film préféré.

Merci Georges. Tu me manques.

Crédits :

Merci à Jean Marboeuf qui a permis la numérisation de la musique du film grâce aux bandes originales précieusement conservées chez lui.

Photo Jean Marboeuf : Frantogian – Travail personnel sur Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0).

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